Oeil et arc-en-ciel
Tristan / 23.02.2021

À quand l’interdiction des thérapies de conversion en France ?

En 1999, le Brésil devient le premier pays à interdire légalement les thérapies de conversion. Et en 2020, l’on recense pas moins de 35 pays ou États qui ont désormais interdit cette pratique. En Europe, il faudra attendre jusqu'en 2016 avec l’île de Malte et la Murcie en Espagne qui ouvrent alors la voie. Quid du pays des Droits de l’Homme ?

 

L’Assemblée Nationale ouvre (enfin) les yeux

 

Des missions parlementaires ont entrepris de répertorier les souffrances engendrées par ces soit-disant “thérapies” : dépression, troubles de la personnalité ou encore développement d’idées suicidaires. Notre constitution de 1958 nous assure, pourtant, l’égalité des droits pour tous. La dernière mission parlementaire est datée du mercredi 11 décembre 2019, et a été co-rédigée par la députée La République en Marche Laurence Vanceunebrock-Mialon et le député France Insoumise Bastien Lachaud. Cette mission regroupe des témoignages d’associations, de victimes, de fonctionnaires de la police ou de la justice, ou encore de représentants religieux. Pas moins de dix-sept pages d’analyse pour conclure au bilan suivant : les “thérapies de conversion” sont rétrogrades, mal définies par leurs pratiques et leurs résultats. Qu’elles soient de nature médicales, religieuses ou sociétales, ces thérapies mènent au même résultat, à l’isolement de la victime, ainsi qu’à des conséquences psychologiques plus ou moins importantes.

À l’heure actuelle, il n’existe toujours pas de cadre législatif pour encadrer et/ou surveiller ces organismes souvent assimilés à des espaces sectaires. La mission parlementaire insiste ainsi sur l’urgence de la mise en place d’un arsenal juridique pour faire stopper ces centres destructeurs pour les personnes LGBT+, mais également, sur une mobilisation de la société pour faire accepter les différentes orientations sexuelles (au premier plan de laquelle l’homosexualité) et identités de genre. Enfin, n’oublions pas la prise en charge des victimes : la DILCRAH rappelle la mise en place d’un référent LGBT+ dans les commissariats et gendarmeries pour accueillir les victimes dans un cadre de confiance et d’écoute. Des associations telles que le Refuge ou SOS Homophobie soulignent l’importance de la mise en place d’un tel maillage sur notre territoire.

 

Les témoignages commencent à être entendus

 

Dans la société également, un vent de fraîcheur commence à souffler. Plusieurs victimes de ces “thérapies” ont pu faire entendre leur voix, et des pétitions ont vu le jour. Comme celle d’Aurélien H., par exemple, sur change.org, et qui dépasse maintenant les 110 000 signatures. Elle retrace brièvement l’histoire et les effets de ces “thérapies de conversion”. Elle appelle nos représentants nationaux à s’emparer du sujet, au nom de l’égalité, de notre humanité et du vivre ensemble.. L’auteur demande également un cadre juridique pour « sanctionner au civil et/ou au pénal les personnes qui pratiquent ces thérapies ».

Mais alors quid des familles qui déposent leurs enfants pour les “soigner” de l’homosexualité ? Pour la majorité d’entre elles, il semble que leur motivation première soit religieuse. Des cas de familles chrétiennes faisant appel à un exorciste ou de familles musulmanes envoyant leurs enfants au-delà de nos frontières ont été reportés. Ces violences psychologiques sont malheureusement souvent accompagnées de violences physiques et/ou sexuelles.

Pour mieux comprendre les ressorts entourant ces pratiques, l’enquête réalisée par deux journalistes, Timothée de Rauglaudre et Jean-Loup Adénor, tente de retracer ce phénomène qui reste finalement relativement récent en France. Adénor a pu infiltrer plusieurs groupes dans le cadre de son enquête, qui a également mené à la création d’un documentaire. Et même si les mouvements sont arrivés il y a maintenant une vingtaine d’années en France, ils sont en pleine expansion et continuent chaque jour de briser des vies. L’ouvrage met justement en lumière ce phénomène qui se développe dans l’ombre mais avec un fort pouvoir de mobilisation.

 

Mais qu’est-ce qu’on attend chez nous ?

 

Malgré un manque de résonance encore suffisante sur le sujet, Laurence Vanceunebrock-Mialon et un petit groupe de collègues parlementaires continuent sans relâche leur combat pour faire voter l’interdiction des “thérapies de conversion”. Un premier pas a été l’inscription de cette mesure dans le Plan national d'actions pour l'égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ 2020-2023 (action 16) présenté en Octobre dernier par le Gouvernement par la voix d’Elisabeth Moreno, ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances.

 

Nous, Progressistes LGBT+, signifions par cette publication que nous continuerons aussi de nous battre pour que soit votée cette loi pour la fin des “thérapies de conversion”, aux côtés des parlementaires et élus de tous bords la soutenant.

 

 

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