LGBTIQ Freedom Zone
Tristan / 12.03.2021

Face aux “Zones libres de toute idéologie LGBT” en Pologne, l’Europe oppose sa “Zone de liberté”

En 2019, dans un contexte de mouvement réactionnaire et de repli sur soi, plusieurs collectivités polonaises décident de se déclarer “zones libres de toute idéologie LGBT”. Cela a commencé par des magasins, des quartiers et aujourd’hui, c’est près du tiers du pays qui est concerné. Face à cet îlot d’intolérance au sein de l’Europe, le parlement, sous l’impulsion de Pierre Karleskind (Renaissance) a voté le 11 Mars dernier une résolution en faveur de l’inclusion de tou•te•s.

 

Naissance des "zones libres de toute idéologie LGBT" en Pologne

 

Selon l’ONG Ilga-Europe, la Pologne est le pire pays où vivre pour la communauté LGBT de l’Union européenne. Depuis 2019 donc, c’est haut et fort que plusieurs espaces se sont déclarés comme "zones libres de toutes idéologies LGBT" en Pologne. Le but de ces zones est de ne pas “dénaturer l'identité polonaise” (sic). Ont ainsi été répertoriés pas moins d'une quarantaine de comtés, municipalités ou provinces qui ont adopté cette soit-disant idéologie. Le développement et l’assise de ce mouvement n’aurait pas pu avoir lieu sans l'appui ouvert de la droite PiS (parti Droit et Justice) et avec l'aide de l'Église catholique polonaise. Cela a permis aux dirigeants politiques de notamment ne plus soutenir ou financer des associations ou événements associés à la communauté LGBT+. La raison invoquée ? A tout prix éviter qu'une "offensive LGBT détournent les esprits des plus jeunes" !

Des juristes ont néanmoins pu démontrer •que cette décision allait à l'encontre de la constitution polonaise, notamment en citant les articles 7 (Les autorités de puissance publique déploient leurs activités en vertu et dans les limites du droit) et 32 (Tous sont égaux devant la loi. Tous ont droit à un traitement égal par les pouvoirs publics. Nul ne peut être discriminé dans la vie politique, sociale ou économique pour une raison quelconque). Le Parlement Européen a alors pu s’appuyer sur ces éléments pour réaffirmer sa volonté de préserver les droits de tou•te•s.

 

 

La résolution au Parlement Européen de Pierre Karleskind

 

Pierre Karleskind est député européen. Il a été élu au conseil européen en mai 2019 avec la liste Renaissance, et membre du groupe Renew Europe. Il a ainsi déposé le 10 mars 2021 une proposition de résolution, votée à la majorité le lendemain, “sur la déclaration de l’Union Européenne en tant que zone de liberté pour les personnes LGBTIQ”.

 

Ce dépôt de résolution et son vote ont préalablement été accompagnés d’une campagne massive sur les réseaux sociaux pour que chacun•e marque son soutien à la résolution. Les membres et soutiens des Progressistes LGBT+ ont pleinement contribué à cette initiative. Voici quelques images choisies de nos délégués locaux, membres du bureau national et élus.

Ainsi, jeudi 11 mars, cette déclaration symbolique a été votée par 492 voix pour, 141 contre et 46 abstentions. La Commission européenne a apporté son soutien à l'initiative. "Être soi-même n'est pas une idéologie, avait tweeté mercredi la présidente de l'exécutif européen, Ursula von der Leyen. Vous êtes chez vous dans l'UE. L'UE est une zone de liberté LGBTIQ [lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, intersexes et queer]".

La Pologne comme la Hongrie sont visées par ce mécanisme déclenché pour risque de “violation grave” des valeurs de l’UE, qui peut déboucher à terme sur une privation des droits de vote d’un Etat membre mais qui s’avère inefficace car il requiert l’unanimité des autres pays. Depuis la mise en place de ces “zones libres de toute idéologie LGBT”, la Commission européenne a privé de subventions certaines de ces municipalités. Récemment, les tribunaux polonais ont annulé quelques-unes de ces résolutions, jugées contraires à la loi, et quelques communes sont elles-mêmes revenues sur leurs résolutions.