Image Sharon McCutcheon
Tristan / 12.06.2021

Edito #2

Longtemps décriée pour sa lenteur sur les sujets sociétaux, la majorité présidentielle vient de mettre enfin le coup d’accélérateur attendu pour améliorer les droits des personnes LGBT+.

 

Olivier Veran a notamment annoncé qu’au 1er juin 2021 la PrEP contre le VIH pourrait être prescrite par tous les médecins que ce soit en renouvellement d’ordonnance ou en primo-prescription. Cette décision s’inscrit dans l'engagement qu’il avait pris lors de la journée mondiale de lutte contre le sida en 2020 et marque une avancée supplémentaire pour lutter contre l’épidémie de VIH.

 

Il a également annoncé cette semaine que le don du sang « répondrait aux mêmes impératifs de sécurité sanitaire, et ce quelle que soit sa sexualité ». La discrimination qui imposait 4 mois d’abstinence aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) afin de pouvoir donner leur sang ne sera donc plus qu’un lointain souvenir.

 

Côté PMA, après de nombreux rebondissements concernant le contenu du projet de loi bioéthique en raison de l’avalanche d’amendements et de retards dûs à la pandémie, les voyants sont enfin au vert pour une promulgation prochaine de la loi ouvrant la PMA à toutes les femmes. L’Assemblee nationale a en effet adopté en 3ème lecture le projet de loi bioéthique le 10 juin et le 29 juin est annoncée comme date d’adoption définitive après la 3ème lecture qui sera faite par le Senat.

 

Si nous nous réjouissons que la majorité présidentielle ait restauré les principales mesures progressistes du texte supprimées en 2ème lecture au Sénat, telles que la prise en charge de la PMA pour toutes les femmes par la sécurité sociale, nous regrettons la décision de faire le strict minimum en matière d’évolution des droits LGBT+ dans ce projet de loi bioéthique qui aurait dû être à la hauteur de ses ambitions.

 

Nous ne comprenons pas pourquoi la PMA ne sera pas ouverte à toutes personnes en capacité d’enfanter. Exclure les hommes trans de la PMA constitue une discrimination en raison de leur identité de genre.

 

Nous ne comprenons pas pourquoi il n’a pas été décidé d’aligner la filiation de tous les couples ayant recours à la PMA. L’obligation de passer par une autre procédure, la RCA, pour les couples de femmes ayant recours à une PMA pour faire reconnaître leur filiation, alors qu’elle n’est pas demandée aux couples hétérosexuels, est une discrimination basée sur l’orientation sexuelle.

 

Nous ne comprenons pas pourquoi le don d'ovocytes dans un couple de femmes (technique dite de la ROPA) a été rejeté alors que nous faisons face en France à un manque de don de gamètes. Comment alors croire en la promesse d’avoir des « bébés PMA » avant la fin du quinquennat si aujourd’hui la question de l’accessibilité aux dons de gamètes et de la gestion des stocks n’est pas traitée ?

 

Enfin, nous ne comprenons pas pourquoi l'interdiction des mutilations génitales des personnes intersexes n’a pas été retenue. C’est accepter de faire perdurer les tortures subies par les enfants Intersexes alors que la France a été condamnée à maintes reprises par l’ONU sur ce sujet.

 

Force est de constater que nous payons encore le prix d’un conservatisme politique alors que la société a déjà un train d’avance sur nos politiques. Les familles LGBT+ existent, il est plus que temps de leur donner les mêmes droits et dans les mêmes conditions que les familles hétérosexuelles ! Les personnes trans et intersexes ne doivent plus être les oubliées des grandes mesures sociétales, elles ont des droits et méritent que les discours d’égalité empreints de bon sentiments s’alignent avec des actions concrètes pour pleinement les inclure à la société.

 

 

Emmanuelle Campo & Hervé Gastaud

Co-Président•e•s, et tout l’équipe des Progressistes LGBT+